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Allégorie sur la bataille

De la manière de combattre

samedi 31 mai 2008, par Vignerte

S’il est essentiel de bien identifier l’enjeu du combat, il ne faut pas pour autant négliger la manière de combattre. Combien sont tombés, ont trahi ou déserté pour l’avoir oublié.

Regardez ce qui demeure du glorieux royaume de France en mille ans d’histoire savamment bâti.
De ses provinces écartelées ses princes ont été bannis. Celui qu’il servait, du haut de sa Croix, contemple en pleurs les ruines d’un pays dont un jour Il fut Roi.

Durant deux siècles, la bataille a fait rage. Nos glorieux ancêtres, les premiers au combat, Chouans, Vendéens dans un même élan de foi, défendirent le trône et l’autel, au prix de leur vie parfois.

Bien d’autres depuis, soldats d’une guerre sans cesse à mener, ont repris le flambeau des illustres précurseurs
Ne sont plus de mise, fourches, faux et vieux fusils, remplacés par la plume, l’étude et le verbe.
Si les armes ont changé l’idéal est le même. La grande armée de naguère, hélas, n’est plus là pour lutter.

Au fil du temps, des combattants ont déserté. Les uns, découragés, ont déposé les armes. D’autres, sans scrupules, ont rejoint l’ennemi.
Nombre de batailles ont été perdues non en un jour mais en plusieurs décennies.
Combien de valeureux guerriers, peu avertis, n’ont transmis à leurs enfants qu’une doctrine ternie. On raconte que l’un d’eux eut cinq enfants :

  • L’aîné, lâche, refusa de se battre. Cette insane excuse il invoqua : « Ne sommes-nous pas en temps de paix aujourd’hui ? Que chacun pense ce qu’il veut, c’est bien mieux ainsi ! »
  • Le puîné, de son père avait l’âme ardente. A corps perdu, il se lança contre un adversaire que jamais… il n’avait pris la peine d’apprendre à connaître. Un “ami” auquel aveuglément il avait confié son arme le tua un matin, alors qu’il était encore endormi.
  • Le troisième fils étudia sans relâche. Il disait à ses frères : « J’apprends, ne me dérangez pas, j’apprends. Je me tue à la tâche." Il est mort fort instruit.
  • Le quatrième jura qu’on ne l’y prendrait pas : « Je combattrai la Révolution avec ses propres armes ». D’illusions en illusions, il erra d’urnes en isoloirs. Il finit sa vie bien mal. Tout comme son aîné, il devînt libéral.
  • Le cadet désorienté, sans vocation particulière, d’une prière se contenta : « Seigneur ! Dans ce combat auquel je ne saurai prendre part, je vous en supplie, donnez moi la victoire ».
    Du ciel, en vain, il attendit la réponse.

Dieu seul sait combien l’action des cinq frères fut stérile. Pourtant, nombreuse est encore leur descendance aujourd’hui.

Observez maintenant le champ de bataille, jonché de cadavres, quasiment déserté. Dans les ruines amoncelées les vainqueurs en joie ripaillent. D’un œil amusé, ils regardent un blessé qui se relève. L’un d’eux méchamment ricane : « Eh les gars ! Ouvrez les paris. Dans le piège de quel frère tombera celui-ci ? »

Un rien cependant suffirait à troubler ce festin démoniaque, mais toujours, toujours entendrez-vous au loin sonner un clairon maladroit. De belles âmes répondent à cet appel, prêtent de nouveau l’oreille aux sirènes d’une cause perdue.

L’un de leurs lieutenants, flamme tricolore sur son habit, tente de nous séduire en vain par un discours entendu. De tous ses poumons il s’écrie :
« Joignez-vous à nous manants du roi ! Ensemble, mettrons-nous fin à cette gabegie ».

A quoi sert-il de lui répondre, il fait semblant de ne pas nous entendre. Nous aimerions tant lui dire :
« Vous êtes fou lieutenant. Vos hommes en pure perte, vous envoyez au combat. Ne voyez-vous pas dans vos rangs pour trois soldats fidèles, mille hommes au sourire narquois. Ces derniers, le jour, tirent avec vous de concert, la nuit, sur les nôtres sans merci. Ce sont des gens sournois. Ils propagent l’erreur, abusent de votre confiance, ne partagent avec vous qu’un seul ennemi. Déjà, sous le regard amusé de leur général (le vôtre est lâchement détourné), à vos enfants ils apprennent, à cracher sur la Croix.

Vraiment la raison nous appelle ailleurs et nos amis, égarés dans vos rangs, emboîteront notre pas. Nous traquons l’ennemi d’où qu’il vienne, où qu’il soit. Un Sacré Cœur est cousu sur notre poitrine et nous avançons chapelet en main. Nos chefs, intègres, nous ont armés d’une saine doctrine. Nous les suivons sans crainte parce qu’ils partagent notre foi. »

Dans toutes les provinces de l’ancien royaume, des hommes ont relevé la tête. Animés d’un même idéal, ils ont repris de la vraie France l’immense bannière. D’un drapeau mainte fois déshonoré, ils effacent lentement les couleurs :

  • le rouge de la haine (le sang de nos pères),
  • le bleu de la peur (les compromis de nos « frères »).

Si grande, si belle est la bannière seulement frappée en son cœur du Cœur de Jésus ! Et lorsque son étoffe légère, sous le souffle de la Providence, claquera joyeusement au vent, vous verrez derrière elle, marcher en cortège, une armée de conquérants.

Sur le parvis d’une cathédrale prendra fin sa course folle, car c’est seulement à Reims que l’aîné de nos princes, le fils de saint Louis, de nouveau sera oint.

Écoutez, cloches et carillons sonner, l’immense clameur, le Te Deum de la victoire. Du haut du ciel, sur le doux visage de Marie, notre Mère bien aimée, vient de couler sans bruit, une larme de bonheur.

Ces jours venus votre serviteur, humblement je l’espère, s’en ira chercher une place au paradis. Saint Pierre aux aguets lui dira peut-être : « Vignerte, votre style était bien plat, votre plume bien piètre. Mais laissons là ces misères, vous ne serez pas jugé sur cela ».