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Fondé sur l’égoïsme, le libéralisme économique ne se préoccupe pas de justice. Plus encore, dans la pratique il viole ses propres principes (principes de liberté du travail, de liberté de gestion, de libre concurrence, d’acceptation des risques). Pareillement il n’assure pas les droits qu’il prétend garantir comme les droits à l’emploi ou celui du choix de l’emploi. En réalité tout le système est organisé pour qu’une toute petite minorité puisse concentrer et conserver dans ses mains tous les pouvoirs et l’argent sans la contrepartie de la responsabilité. À l’opposé, le système naturel des corps de métier est fondé sur les principes de justice, d’adéquation au bien commun, de responsabilité, de juste prix et de répartition équitable des bénéfices.
Le texte suivant montre que le journaliste Louis-Marie Prudhomme (1752-1830) n’est pas vraiment royaliste, mais il donne une idée des massacres commis à Lyon par la Convention pendant la Terreur en 1794. Pour asseoir sa domination, le premier soin du pouvoir révolutionnaire est d’établir ou de consolider des sociétés de pensée (ou Clubs) constitués de ratés, d’aigris et de marginaux. Ce sont ces mêmes personnages qui, plus tard dans les Tribunaux révolutionnaires, décideront qui doit mourir, imagineront les supplices et exécuteront les condamnés. L’héroïque résistance des Lyonnais se solde, selon Prudhomme, par plus de trente mille victimes de tout sexe, de tout âge et de toutes conditions.
Quelle est la situation de la monarchie dans la philosophie politique ? Quel est le modèle historique de la monarchie française ? et enfin, quel est son héritage ? Telles sont les questions abordées par Guy Augé dans cette remarquable synthèse.
Le droit romain nous est connu grâce à l’empereur Justinien Ier qui établit au VIe siècle une collection de décisions de justice faisant jurisprudence. Redécouvert à la fin du XIe siècle ce droit conforme au droit naturel est rapidement enseigné à l’université de Bologne où il influence le droit de l’Église ou droit canon. De nombreux clercs et papes — dont Boniface VIII — l’étudient à cette université, avec un effet pervers : ils finissent par considérer que l’Église absorbe les cités politiques et que le pape est en réalité le souverain temporel universel. Les prétentions du canoniste Boniface VIII développées à partir d’arguments juridiques se heurtent à la résistance du roi de France Philippe le Bel soutenu par l’université de théologie de Paris. C’est en effet l’éminent dominicain Jean de Paris qui construit l’argumentaire théologique que les légistes du Roi opposent au Pape. Voilà qui prend le contre-pied des fables colportées au XIXe siècle par l’école libérale mennaisienne.
Ces citations de Hitler révèlent un homme aux préoccupations très modernes : vivre en communion avec la nature, prêcher la tolérance religieuse, faire triompher la « raison » sur un christianisme maudit, « libérer » l’homme des autorités traditionnelles par la révolution. Moderne, l’abandon de l’institution politique pour le mythe de l’élection du meilleur, de l’homme providentiel qui apportera le salut au pays. Moderne, ce subjectivisme irresponsable d’une raison humaine autonome, débarrassée de toute transcendance : « je puis me tromper, mais je suis de bonne foi » ; même si l’erreur coûte quelques millions de vies. Faut-il s’en étonner ? Par essence révolutionnaire, l’idéologie conduit toujours aux mêmes effets : le « Führer » est bien le digne continuateur des grands ancêtres de 1789 dont il revendique l’héritage.
La politique tirée de l’Écriture sainte est publiée en 1709, à l’aube de ce « siècle des Lumières » qui voit triompher les très subversives leçons politiques du Prince de Machiavel paru presque deux cents ans plus tôt (1532). En effet, partout on moque la transcendance en politique, l’homme est considéré comme irrémédiablement méchant, et seul compte l’efficacité au détriment de la moralité : « […] celui qui veut en tout et partout se montrer homme de bien ne peut manquer de périr au milieu de tant de méchants. Il faut donc qu’un prince qui veut se maintenir apprenne à ne pas être toujours bon, et en user bien ou mal, selon la nécessité.* » Avec son éloquence, Bossuet prend le contre-pied de ces théories funestes et rappelle que le roi est l’auxiliaire de Dieu pour faire le bien, qu’il est tenu d’aimer son peuple comme un père et de l’élever en vertu. Aussi l’autorité royale doit-elle être sacrée, absolue, paternelle et soumise à la raison.
L’histoire du mouvement légitimiste est celle de la fidélité à l’ordre naturel de la monarchie traditionnelle, et celle du refus de tout ralliement au modernisme :
À la manière d’Antigone, le combat qui fait l’honneur des légitimistes consiste à proclamer la loi naturelle et divine, parfois même en s’opposant aux autorités politiques ou religieuses censées la défendre.
Un gouvernement, même le plus mauvais et le plus injuste, possède une légitimité minimale, car il est encore préférable au chaos de l’anarchie qui n’est que la version atomisée et généralisée de la loi du plus fort. Cependant il existe des degrés positifs de légitimité qui permettent de définir et de classer les gouvernements justes, selon qu’ils se fondent sur un de ces trois degrés de légitimité :
Les monarchies traditionnelles s’efforcent au moins de respecter la loi naturelle. En reconnaissant à leurs sujets le droit naturel d’être gouvernés et de vivre selon cette loi transcendante, les rois établissent la justice et obtiennent de tous leurs peuples, non seulement l’obéissance libre, mais plus encore leur amour.
Depuis deux siècles, l’État moderne impose à tous, nolens volens, sa vision totalitaire de la liberté d’un genre humain affranchi de l’ordre naturel et divin, et cherche à revêtir non seulement la majesté des rois mais aussi la sacralité de l’Église. La volonté de retracer les origines de cet État moderne conduit parfois à des rétrospectives contestables. C’est ainsi que l’affrontement qui éclate entre 1296 et 1303 entre le pape Boniface VIII (1294-1303) et le roi de France Philippe IV le Bel (1285-1314) est trop souvent présenté comme un moment clef de la genèse de la Modernité…